1. La subjectivité objective

 

Dans bien des cas le regard que nous avons sur la subjectivité c'est qu'elle a trait à la personnalité donc à la singularité et à l'erreur de jugement. Le regard que nous portons à l'objectivité apparait quant à lui, surtout dans le monde occidental, plus noble, l'objectivité reposant à priori sur la rigueur et la généralité, et trouvons donc en elle le moyen de pallier à ce que nous prenons comme le problème de l'imprévisibilité découlant de la subjectivité.

 

La subjectivité est attribuée globalement au coté féminin, et l'objectivité au coté masculin. Dans la vision patriarcale ces deux  aspects ne peuvent apparemment pas dialoguer. Cette scission nait de la conscience prédatrice qui imprègne l'humanité, scelle en elle un des plus gros schismes qui la déchire. Dans cette vision séparatiste, le féminin est minorée, tout comme la subjectivité, et le masculin, du moins ce qui en est sa perversion, est glorifié en même temps qu'une certaine conception de l'objectivité. Nous allons voir que cette conception diverge notoirement de la réalité de l'univers cosmogonique humain et de la vie qui l'anime. Nous verrons que ces deux aspects, objectivité et subjectivité, rentrent en ligne de compte de la même façon dans la construction de notre perception où ils sont d'ailleurs associés. La vie s'établit sur une connaissance, sur des données qui assemblent ces deux aspects, car elle fonctionne selon une dynamique de complémentarité, qui loin de l'uniformisation (vers laquelle tend l'objectivité si elle est la seule prise en compte), met en valeur la diversité qui préside à chaque échange. 

 

J'évoque souvent les thématiques de l'alchimie du féminin et du masculin, de l'androgynie qui recoupent le thème abordé dans ces paragraphes. Et ces thématiques sont également très présentes dans l'information que diffuse le Réseau Léo. En effet elles se sont révélées être centrales dans notre parcours. Vous pouvez donc les découvrir plus amplement et ainsi, compléter peut-être l'information proposée maintenant, en consultant les chapitres de l’Épopée de la Conscience et certains dialogues ou cahiers de Sand et Jenaël.

 

 

 

L'objectivité qui est quasiment aujourd'hui l'apanage et l'intérêt des seules sciences dites exactes, est présentée au sein de celles-ci, de manière presque caricaturale, comme ne pouvant s'appliquer qu'à des phénomènes reproductibles. Cette situation débouchent majoritairement sur une attitude récurrente chez les scientifiques qui consiste à mettre de coté, voir rejeter ou dénigrer systématiquement les thèmes, les interrogations qui sortent du cadre objectif qu'ils se sont fixés. Ici s'immisce bien entendu des enjeux de pouvoir dont nous allons reparler. Quand on demande au chercheur en biochimie, Marc Henry, qui reste, lui par contre, ouvert à une autre objectivité, de citer un exemple de fait non reproductible, il répond spontanément: "La vie ! Par définition elle est non reproductible." Il faut entendre ici que la vie ne crée jamais deux choses identiques, qu'elle ne s'exprime jamais deux fois de la même façon. Cette règle universelle n'empêche pas le clonage, mais cela est un autre sujet.

 

La réponse de ce chercheur et son contexte sont intéressants car ils nous introduisent au cœur du propos que nous développons ici. Voici quelques questions parmi tant d'autres qui me sont venues alors que j'observais la subjectivité et l'objectivité placés de chaque coté d'une balance.

 

La subjectivité peut-elle être objective face aux expériences ? Que voulons-nous définir par cette forme d’objectivité ? Interférant dans notre relation à la réalité, l'objectivité n'est t-elle pas un positionnement de la subjectivité vis à vis d'elle même, n'essaye t-elle pas d'expliquer une sorte d'effet miroir? L'objectivité ne doit-elle pas à un moment révéler son intrication avec le sujet (l'individu) et sa subjectivité? Puis-je avoir une connaissance subjective?

 

La subjectivité et l'objectivité peuvent-elles aller de concert?

 

Je réponds oui à cette question. Car, nous allons le voir, la connaissance est liée à la subjectivité et l'objectivité s'appuie sur cette dernière. Dans une grande partie de notre présentation nous procéderons à une investigation sur la subjectivité et son lien à l'objectivité dans l'idée de pouvoir réinvestir ces deux notions.

 

La réalité psychique qui anime le sujet ne se limite pas à lui, entité douée d'une conscience réflexive, consciente d'elle-même. La nature et chaque chose est animé d'une intentionnalité, d'une forme de psychisme et par conséquent empreint d'une subjectivité. C'est la base, la condition chamanique première pour qu'il y est échange et co-création. Donc la Connaissance et la subjectivité semblent se confondre puisque l'une irrigue l'autre et vice-versa.

 

 

 

Le distinguo entre subjectivité et objectivité tel que nous l'observons le plus souvent est donc un manque de connaissance, le résultat d'un égarement du raisonnement occidentalisé surtout, déconnecté de la réalité et étouffé par la peur. Cependant ceci est inévitable à un certain niveau de l'expérience manifestée puisque celle-ci passant par des phases de contrôle qui peuvent être extrêmes, nous "débranche" de la conscience du Soi. Ces polarités entropiques, ces espaces marqués par le déni ont leur rôle pour susciter le réveil et l'évolution de la subjectivité. C'est dans ces phases d'expériences brutes que subjectivité et objectivité se confrontent et se font guerre l'une et l'autre. Ce sont les contextes où l'on brûle des sorcières et l'on érige les dogmes d'une pensée phalliquement déviée. La subjectivité impalpable, est la proie du tyrannisme dont le besoin de contrôle s'érige partout face au caractère invisible de ce qui est de l'ordre du mouvement et de l'information.

 

Mon objectif dans cet exposé est de montrer que les fondements de la véritable objectivité repose sur une subjectivité comprise et assumée.

 

 

Un peu d'étymologie :

 

L'objet: L'étymologie du mot objet (ce qui est placé devant) indique qu'il s'agit de ce que l'on vise, soit pour l'atteindre, soit pour le connaître. C'est cette dernière acception qui nous retiendra. Universalis.fr

 

Le sujet: c'est celui qui "est jeté dessous",  c'est celui qui dépend de, il est littéralement celui qui est "établi dessous" (du latin sub- jacere), ou "subjectus", celui qui est sous l'autorité et par là, soumis. On trouve aussi: l'autre sens du "sujet"  vient du latin "subjectus", "ce qui est soumis aux sens", "soumis à la vue", "exposé", "livré". https://sites.google.com/site/etymologielatingrec/home/s/sujet-celui-qui-subit.

 

L'aperçu étymologique prouve que très tôt (puisque l'on retrouve les mêmes allusions dans les racines sanskrites) les langues ont retranscrit le schème fondamentale de la société SDS. En effet dans le choix que proposait la racine de ces mots, nous trouvions d'un coté, que le sujet pouvait être vu comme étant " sous-jacent" à tout phénomène, comme étant l'Anima Mundi, qui transparait finalement dans l'objet. Et si ce dernier est mis en avant cela serait donc pour l'y disposer en tant que reflet du monde subjectif permettant à ce dernier de se comprendre et de se déterminer.

Mais comme nous le savons en 3D SDS, l'interprétation choisie est généralement l'inverse de ce qui conduit à une dynamique cohérente et constructive. Dans cet environnement, elle suit plutôt une logique de main mise, de possession et finalement de destruction. Les mots objet et sujet traduisent alors un système édifié sur des valeurs extérieurs, se développant sur une hiérarchie mettant la prégnance du sujet conscient de coté. Celui-ci devenant par suite de cette déviation ontologique, assujetti au diktat "extérieur", et l'objet, l'objectif, le résultat devient l’obsession de l'esprit humain.

 

C'est donc ce que nous retrouvons dans les langues parlées ou écrites. De plus dans la structure de ces idiomes les éléments sont dissociés et hiérarchisés. En français le schéma de la phrase éloigne le sujet de l'objet par le biais du verbe, ce qui est le cas dans beaucoup de langues. Alors que le sujet et l'objet se diluent, s’entremêlent dans l'échange. Ceci dit, le dépassement de ces limitations constitue un véritable challenge, une véritable motivation pour l'âme qui a soif de connaître réellement les liens qui définissent sa relation dynamique avec le reste du monde. Car sur un autre plan, ces modes d'expression et de captation de la réalité, l'amènent à effectuer un travail de recomposition, à refaire le parcours de ce tissage qui la lie à son univers.

 

Nous étudions ici qu'elles ont été les conséquences de cette imposture et quelques pistes possibles pour que notre perception retombe sur ses pattes, c'est à dire que nous sortions d'une vision figée et sclérosée de nous-même et du monde, et que nous enjoignons à nouveau la grande danse universelle.

 

 

 

Rentrons maintenant plus avant dans notre propos, en évoquant tout d'abord, le matériel inestimable issue de la collaboration de deux grands explorateurs de la conscience, de deux scientifiques doués d'une sensibilité et d'une ouverture d'esprit que l'on peut qualifiées de SDA: celle de Wolfgang Pauli et de Carl Gustav Jung. Il est d'ailleurs intéressant de noter que cette coopération a été stimulée par de nombreux rêves, l'aspect onirique étant une des formes par lesquelles objectivité et subjectivité se marient.

Les travaux de Pauli et de Jung s'efforcent de démontrer le fait, qu'au travers de l'inconscient collectif, le psychisme influence la matière, la pénètre et que la matière, dans un même temps, puisqu'elle est faite par conséquent du même mouvement, influence elle aussi l'esprit. La matière se montre bien être la façon par laquelle la conscience se parle à elle-même. L’inconscient peut être vu comme l'interaction de la somme des consciences échangeant les connaissances qui forment la totalité de la Connaissance vivante et universelle, connaissances qui sont mises en jeu dans l'ensemble des expériences corrélées.

 

Entre sujet et objet il n'y a donc pas de hiérarchie, mais des va-et-vient constants, enchevêtrés. Ces deux aspects représentent les deux formes principales prises par la conscience pour se manifester et évoluer. La subjectivité serait donc l'appréciation que l'individu a du fait de s'habiter lui-même habitant le monde, ce dernier étant donc habité par quelque chose de nature similaire au sujet. La compréhension que le sujet retire de ce fait définit alors l'objectivité avec laquelle il aborde cette expérience.

 

Massimo Teodorani dans son ouvrage Synchronicité, décrit l'effervescence et l'inspiration que la collaboration Jung-pauli suscita chez ces deux protagonistes. A la page 28, il explique:

 

"D'après Jung, lorsqu'un individu expérimente un grand nombre de synchronicités, il s'aperçoit au fil du temps qu'elles sont effectivement régies par un principe de réelle sagesse, qui va bien au-delà de ce que notre connaissance consciente peut concevoir. Ces coïncidences si riches de sens semblent indiquer que le monde "intérieur", comme par exemple les rêves qui émergent de l'inconscient, sait quelque chose du monde extérieur, et que le monde extérieur – animé et inanimé – sait lui aussi quelque chose sur le monde intérieur. C'est justement sur la base de ces constations que Jung commença à formuler sa grande hypothèse scientifique selon laquelle il serait possible de postuler l'existence où l'interne et l'externe, le psychisme et la matière, sont reliés dans une unité indifférenciée."

 

Plus loin à la page 34, Teodorani cite Jung dans cet extrait qui nous livre le caractère à la fois visionnaire et synthétique du psychologue, s'inspirant d'une grande diversité de sources des plus traditionnelles aux plus modernes pour nourrir sa conviction :

 

"Tôt ou tard, la physique quantique et la psychologie de l'inconscient parcourront le même chemin, tissant des liens de plus en plus étroits, dès lors qu'indépendamment l'une de l'autre et à partir de directions opposées, elles s'aventurent dans un territoire transcendantal... Le psychisme ne peut-être totalement différent de la matière, sinon comment la matière pourrait-elle se mouvoir ? Et la matière ne peut être étrangère au psychisme, sinon comment la matière pourrait-elle produire le psychisme ?Le psychisme et la matière existent dans le même monde, et chacun prend part à l'autre, autrement chaque action réciproque serait impossible."

 

 

Les deux dichotomies sujet/objet et subjectivité/objectivité se superposent donc puisque nous constatons que nous parlons d'un échange entre des parties différenciées certes, mais également semblables, muées par la même pulsion intrinsèque de faire sens, par une intention première de construire ce sens et pour cela de communiquer, d'échanger. Et n'est-ce pas le rôle d'une subjectivité objective et psychique que de mener à bien cette construction et cet échange sous la houlette de la conscience qui grandit de ce fait au travers de l'outil subjectif ?

 

Pauli et Jung situent donc la dynamique en question à cheval sur une réalité double, psychophysique. Il tiennent compte du fait que les états internes et le filtre subjectif vivant est en relation étroite au corps et à tout objet extérieur, à tout événements pour être plus précis. Je peux communiquer et agir avec l'univers car je suis son hologramme potentiel. Si je suis différencié, si j'habite la différenciation, cette différenciation inscrit une relation et met donc en exergue des points communs à chaque partie du fait de leur statut semblable ; une même intention inhérente d'échanger, un langage commun immanent. Je suis une monade, un individu qui contient le tout et ressent ses mouvements que je suis capable d'interpréter pour m'inscrire dans une construction collective en y apportant du sens, mon point de vue qui complète le tableau global.

 

Donc il n'y a pas contrairement à la certitude couramment admise et entretenue par les religions et les sciences académiques, d'un coté un sujet, un individu oscillant entre deux dispositions face au monde, la subjectivité et l'objectivité, et de l'autre un objet appréhendé comme plus ou moins inanimé (sans âme sans intention primordiale). Le dépassement de ces deux clivages, l'un intérieur et l'autre régissant le rapport intérieur-extérieur nous autorise à partager, recevoir les informations d'un univers vivant qui tout comme nous, est la bouche et la parole de la Supraconscience qui préside à une complexité interactive qui s'étend à travers les différentes strates de la création. Engoncés dans notre rôle de "sujet pensant" nous sommes souvent aveugles et avons des difficultés à concevoir cette réalité dynamique. Les peurs d'un monde qui échappe à nos habitudes de compartimentage et au programme de prédation qui nous dirige, d'un monde dans lequel au grand dam du cartel SDS, les frontières sont plutôt un espace de dialogue qu'un point de séparation, réduisent notre perception.

 

Les deux facettes ne seraient que le résultat tangible d'un mouvement transcendant, celui de la Supraconscience, auquel elles participent toutes les deux. Un langage est alors tissé, un supralangage, universelle, qui traductible dans de nombreux langages car leur préexistant et passant par eux, les combine même ensemble. Ce supralangage permet une cohérence entre matière et esprit, c'est celui qui s'explicite dans les synchronicités.

 

Finalement la subjectivité n'est-elle pas ce monde sous-jacent au monde objectif, puisqu'elle agite ce dernier, qu'elle le traverse?

 

La subjectivité serait alors, et tirerait ses racines, d'un monde sous-jacent ou "ordre implicite" (couche invisible et pourtant déterminante) défini par le physicien David Bohm, le domaine de la Conscience Collective, où se connecte la somme des consciences au travers d'un éther informationnel. Son pendant le monde objectif ou "ordre explicite", selon Bohm, serait alors les vagues qui émane de l'océan implicite, subjectif, les plis à sa surface, résultat du mouvement de l'océan. En effet l'océan pourrait bien être l'analogie de la synergie de ces deux mondes (ou ordres) qui ne vont pas l'un sans l'autre. En voici une description de Bohm :

 

"Le champ du fini est tout ce que nous pouvons voir, entendre, toucher, rappeler et décrire. Ce champ est fondamentalement ce qui est manifeste, ou tangible. La qualité essentielle de l’infini, par contraste, est son caractère élusif, intangible. Cette qualité se transmet dans le mot Esprit, dont le sens original est vent, souffle. Cela suggère l’existence d’une énergie invisible mais envahissante, à laquelle le monde manifeste du fini répond. Cette énergie, ou esprit, envahit tous les êtres vivants, et sans elle tout organisme se briserait dans ses éléments constituants. Ce qui est réellement vivant dans l’être vivant, c’est cette énergie de l’esprit, et elle n’est jamais née et jamais ne mourra."

 

 

A travers l'explicite, l'implicite se voit, se raisonne (résonne), rebondit, s'excite; l'objectif lui ne peut être par lui-même. Il est vu et compris que par une subjectivité, mais une subjectivité qui a conscience de ce qu'elle est et qui se reconnait, se sent dans l'acte d'objectivation qu'elle produit. C'est-à-dire se co-naît en toute objectivité à travers le monde objectif – la subjectivité naît à elle-même en même temps que les apparitions incessantes de l'objet qu'elle peut observer. Et puisque ces apparitions sont d'origine subjective, puisque l'objet est mu par la subjectivité qui l'habite, qui le regarde, et qui interagit avec elle-même par ce biais, l'évidence est que l'objectivité ne peut être que de nature subjective.

Conscients de cet aspect nous redonnons à l'objectivité son vrai visage qui est d'accompagner la subjectivité dans sa créativité, qu'elle l'épouse et seconde dans ses fluctuations et dans sa tâche d'adaptation et d'inventivité (voir les exemples ci-après). L'objectivité a donc pour caractère fondamental la souplesse, même si elle se range, et surtout parce qu'elle se range du coté de la réflexion.

 

Selon toute vraisemblance, la subjectivité objective correspond à l’alignement corps/âme/esprit. La toute puissance de ce point de concordance des trois corps est rapporté par les gnostiques et de nombreuses traditions. Ce potentiel est confirmé par de récentes études scientifiques. Nous développons ce point spécifique dans le texte 1, 2, 3... Soleil !

Cette approche est également au cœur de la psychologie intégrative et dynamique de Dabrowski, qui en ça dénote des applications faites actuellement et généralement dans cette discipline. Lorsque celui-ci parle de désintégration et de recomposition de la personnalité, touchant tant à l'aspect biologique que moral de la personnalité, et désigne ces passages comme des transitions nécessaires pour refonder notre système de valeurs internes afin d'agir vis à vis de soi et de l'environnement en accord avec une motivation profonde, il est en plein dans le thème d'une subjectivité connaissante qui désire devenir lucide et souveraine, être capable de s'extirper du service de soi. Dabrowski décrit une subjectivité capable d'agir tant sur son psychisme que sur sa biologie (ce qui est cohérent avec les découvertes sur l'épigénétique) en se libérant de ses croyances. Il conçoit lui aussi la prégnance du processus moteur qui peut surgir de la sphère psychophysique. Face à la pression externe et interne venant du système de contrôle psycho-social SDS, ce processus, pour pouvoir aller au bout d'une mort/renaissance et voir éclore une nouvelle personnalité, doit être conscientisé et conduire à une réflexion de l'individu sur son propre cheminement.

 

 

 

La subjectivité objective est une notion qui peut parfaitement résumer la démarche qui m'anime et qui est dans la continuité de celle du Réseau LEO.  En effet, car mon chemin repose sur l’expérimentation (l’implication la plus consciente possible dans l’expérience vécue) et la recherche de connaissances. Cela implique apprentissage et mise en pratique de la connaissance qui sous-tendent des remises en questions récurrentes, un mouvement. En comprenant qu’être authentique était mon gage de liberté, je réinvestis profondément mon intériorité. J'embrasse petit à petit ma relation au monde au travers des diverses connaissances que j'intègre progressivement. Ce faisant, j'offre de nouvelles perspectives au sujet que je suis, qui m'habille, et je change ma manière de me voir et d’interagir avec ce qui m’entoure. C’est-à-dire que je modifie ma subjectivité et mon regard sur elle.

 

 

Le champ d'application de la science officielle est inoculée par le besoin de dominer la nature et l’humain qui en fait partie ; besoin qui s’affirme comme le soubassement d’une civilisation propageant un esprit de prédation d’une extrême perversité. Dans ce sens, s’imposant comme référence au côté des religions, la science offrit rapidement au pouvoir patriarcal centralisant une hégémonie accrue sur le théâtre des évènements terrestres.

 

Ensemble, les deux versions officielles de la religion et de la science, malgré une lutte apparente, cadenassent toute velléité de démarche de connaissance autonome, l'une en s'arrogeant le rapport à la matérialité, l'objectivité et l'autre le rapport à soi, la subjectivité. Au bout du compte, sous l'impulsion de l'orientation SDS, celles-ci visent le même objectif, séparer le sujet de l'objet, et ce faisant, le privant de la compréhension de l'expérience, séparer le sujet de lui-même. La religion s'impose comme l’intercesseur incontournable des choses de l'âme et du divin et donc du mystère du monde. L'une explique le monde sans Dieu, sans âme et l'autre parle d'un monde que seule la présence de Dieu explique, dieu éloigné de notre réalité dont la caste ecclésiastique est la seule homologuée à pouvoir nous en rapprocher. Ces deux alternatives constituent le dilemme, faux questionnement, de notre conscience.

 

Dans l’optique de cette main mise sur le réel, la science, d'une manière différente donc que le dogme religieux, instigua, avec Descartes comme porte-drapeau majeur et sans doute involontaire, la séparation du sujet (la conscience pensante) et de l’objet (ce qui est observé, l’objet de notre désir de contrôle) en excluant tout bonnement le sujet du tableau à expérimenter. Les termes sujet et objet furent utilisés dans le cadre d'une perception du monde insufflée à la Renaissance. Cette vision allait conditionner un rapport marqué par une dualité à priori irrésolvable, fixe et symbolisant le retour d'une culture matérialiste telle que celle que connut la Terre à l'époque finale de l'Atlantide par exemple.

 

Sous prétexte d’évincer les préjugés inhérents à la pensée humaine, les mauvais jugements liés aux sens et aux émotions, les fomentateurs émirent donc un préjugé plus grand encore sur celle qui est pourtant le point de départ du mouvement perceptif, la conscience du sujet.

 

Ce préjugé tout aussi culpabilisant que celui que les religions collèrent à l’âme humaine, l'accablant du concept de péché originel, traduit la même intention que celle qui anime la majorité des courants cultuels contemporains : déposséder le sujet de son autodétermination et de sa lucidité. Cela a donné lieu à une croyance d’impuissance si grande, à une telle abnégation de soi, que nous avons peine aujourd’hui à sortir de l'influence de cette programmation. Le règne ostracisant de l’obsession objectivante désincarnée est bien établi.

 

Encore une fois, il faut attendre des gens comme C. G. Jung avec sa description du processus d’individuation vers un potentiel transpersonnel de la psyché, le Soi, le clin d’œil donné par l’observateur quantique, pour exhumer l’ancienne conception que la subjectivité est la véritable voie vers l’objectivité. Voie qu’actuellement, quelques consciences téméraires, encouragées par les découvertes mises à jour et les exemples emblématiques de certains prédécesseurs, inaugurent et retrouvent.

 

Giulina conforto développe depuis quelques années son approche, la physique organique. C'est une des rares scientifiques qui a compris que l'enjeu de notre place dans l'univers, se situe au cœur de la subjectivité et se tisse à partir d'elle. Elle écrit dans son ouvrage L'univers organique (pXXXIV):

 

"La Physique Organique est une nouvelle science qui implique la conscience. Elle n'est pas objective mais plutôt intersubjective, semblable pour tous et particulière à chacun. En regardant l'essence, la Physique organique renverse les barrières entre les disciplines, redécouvre la synthèse et fait s'évanouir la présumée division entre observateur et observé. Elle lubrifie le cerveau humain et elle en augmente la plasticité, le préparant pour l'alchimie."

 

 

 

Parlons un peu de la Connaissance, des connaissances et surtout de la façon dont elles surviennent : par l’acte de connaître. Un principe d’échange permanent d’informations est à la base de notre réalité. Il irrigue le réseau de liens que nous ressentons et que nous observons. Cet échange s'inscrivant à l'échelle universelle et sortant donc de la causalité basique, puisqu'il dépasse une temporalité linéaire, nous environne en permanence et sous-tend nos liens multidimensionnels. Même si nous n'en avons pas conscience ces liens sont là car dans un futur, un passé, une autre ligne temporelle, l'échange à lieu que nous nous ouvrons à lui ou non. Cependant notre ouverture à cet échange l'amplifie dans notre bulle de perception.

 

L’acte de connaître, phénomène qui prend source dans la subjectivité. Quand il franchit peu à peu les limites ancrées par les peurs, qu’il reconnaît la fonction de la prédation et commence à percer les rouages de ses mécanismes, il commence à utiliser ce principe d'échange, à se fondre avec lui. L’acte de connaître authentique est un acte évolutif car il tend à poser un regard sans concession sur les liens qui nous relient au monde et sur les liens qui relient nos parties intérieures. Il lève le voile sur nos fonctionnements et notre façon de voir la réalité qui nous empêche de faire nombre de rapprochements.

A travers lui, nous apprenons progressivement à démasquer la façon dont notre prédateur et plus largement, le système de la prédation, abusent notre conscience et nous formatent. C’est un acte de courage puisqu’il nous conduit à regarder avec clairvoyance l’héritage de la prédation : nos peurs, nos illusions et l’effroyable désenchantement pour qui veut sortir de la prison de l’ego. Mais en même temps, grâce à cette lucidité, nous adoptons petit à petit un point de vue plus mature vis-à-vis de ce qui nous arrive ; la prédation trouve petit à petit sa place à nos yeux avec d’autres forces dans la grande dynamique de l’évolution.

 

 

 

Nos croyances limitantes cloisonnent notre esprit et notre regard et nous détournent d’une vraie pratique cognitive. C’est entre autre au travers de nos émotions que nous pouvons les identifier et grâce auxquelles nous pouvons avoir des indications précieuses sur une situation et sur la manière dont la prédation interfère ; dans ce cas, tout en comprenant et dépassant le stade de l'enfermement émotionnel, notre conscience pénètre littéralement deux aspects qui ont trait au sujet : le psychisme et les émotions ; elle en prend connaissance et elle devient connaissante (elle connait). Ceci est un des moyens objectifs qui est sous la gouverne de notre subjectivité et par lequel elle peut s'émanciper.

 

 

Voici quelques exemples de formes de connaissances caractéristiques de la subjectivité objective :

 

- Être à l’écoute de ses intuitions et attentif aux synchronicités (indices acausaux), comme nous l'avons vu, participent également d’un mode de connaître élargi qui n’est possible là aussi, que par l’intermède du sujet.

 

- Par le biais des visions chamaniques certains humains ont accès à la matrice énergétique et visualisent directement les forces fondamentales qui régissent notre univers ; ce qui constitue un mode de connaissance puissant au carrefour duquel se trouve la subjectivité.

 

- Pressentir le champ informationnel morphogénétique que décrit Rupert Sheldrake et qui préside aux formes, est une investigation de type identique aux précédentes.

 

- En géobiologie on utilise la capacité kinésiologique du corps à transmettre des informations sur son environnement.

 

- L’art sous toutes ses formes (y compris les disciplines corporelles), nous permet de contacter intimement ces champs du connaître.

 

- Nous pouvons aussi citer les techniques de respiration, la méditation, la cuisine, les rêves (éveillés ou non).

 

Une infinité d’exemples peuvent montrer la vertu de la subjectivité à nous emmener dans les secrets de l’existence. Évoquons aussi la démarche alchimique qui illustre emblématiquement cette rencontre co-créative avec le langage du monde.

 

 

Le numéro 89 du magazine Top-Secret (février-mars 2017) axe son contenu sur la subjectivité souveraine et traite de thématiques concernant le rapport rêve-réalité, du rapport entre dimension parallèle et notre espace-temps. Il y est évoqué les questions de la perception de présence d'entités (les Hat Man) et de la capacité du témoin d'agir sur ses perceptions, du rêve lucide, et de la maîtrise de la transposition du monde imaginaire, de l'image interne dans la réalité, possédée par Bruce Lee. Ce dernier point est particulièrement intéressant car il nous permet d'aborder une caractéristique essentielle de la subjectivité. Bruce Lee a suivi de nombreux maîtres d'art martiaux taoïstes et fut un autodidacte passionné, dévorant de nombreux ouvrages avec une soif de se réaliser et d'être un exemple vivant pour autrui. Il pénétra profondément l'ésotérisme de la philosophie taoïste et l'appliqua, conjointement, à son corps et à sa pensée.

 

Une des bases de sa maitrise résidait donc dans le secret de la projection de son rêve intérieur, de ses hautes valeurs et de la compréhension des lois universelles stimulant son imaginaire. Dans sa bulle de perception, et même au delà grâce au films dans lesquels il était acteur et jouait son propre rôle, celui d'être un intermédiaire, il incarnait le lien créatif entre ces deux mondes. Voici un extrait de l'article de TS, Bruce Lee, la puissance du Dragon: le secret des anciens maîtres oubliés, rédigé par Peter Knight, auteur de plusieurs livres d'investigation :

 

"Il [B. Lee] était capable d'incarner le rêve éveillé qu'il avait à l'esprit, utilisant au niveau de l'image, le cercle imaginaire des maîtres de la Renaissance italienne afin que chaque scène produise l'effet voulu.

Cet homme avait accès aux anciens savoirs et correspondait en plus, de par sa musculature et sa vélocité, au Tarzan dessiné par le génial Burne Hogarth, dans les années 30, qui utilisait également la technique de l'image inscrite dans le cercle subjectif."

 

Bruce Lee n'était pas un adepte de la pensée créative employée comme une manifestation des croyances transcrites depuis la sphère égotique, du type New-Age. Il accédait à la capacité de couper son mental et de le mettre au service de l'écoute du dialogue instantané qui s'installe entre la réalité et la Supraconscience, qui peut se servir d'images (au sens large) comme syntaxe de son message. Cela n'est pas sans rappeler le processus d'échange qu'illustre la croix druidique et ses trois cercles ou la simple croix dans le cercle, antédiluvienne. Dans ces symboles, le centre de conscience, le Soi, désigné par le centre géométrique est celui qui opère des allers-retours vers le cercle périphérique, l'univers. Ainsi sont matérialisées leurs influences réciproques.

 

 

Parmi les nombreuses opportunités d’investigations vraies de la Connaissance qui relèvent de la subjectivité objective, il y en a une qui est primordiale pour notre évolution : il s’agit de l’ouverture du sujet à échanger avec des personnes averties du jeu de la prédation, qui pourrons lui renvoyer un avis impartial sur la façon dont la prédation manipule sa personnalité.

Cet exercice est incontournable car par son intermédiaire, la conscience subjective peut distinguer de quelle façon son prédateur l’abuse ; l’exercice amène à un retour sur soi, une acceptation de son propre fonctionnement et à l’acceptation du fait que la prédation téléguide quasi complètement ce fonctionnement. La visualisation précise de ce mécanisme d’assujettissement, serait impossible sans ce partage objectif et sincère.

 

Ce processus d’acquisition et d’intégration de connaissances passe donc, à un moment, par l’assistance d'autres subjectivités objectives. Le déclic de la demande d’aide extérieur qui s’accompagne d’une vraie réceptivité, nait nécessairement au cœur de la subjectivité ; la requête n’est réellement efficace que si elle provient du for intérieur de la personne (phénomène qui a pour pendant la règle de non-intervention qui est un des fondements de la philosophie SDA).

 

Le principe d’échange est à nouveau évident, la stimulation interne va de pair avec une stimulation externe et engendre un basculement de la perception ; ici l’échange dépasse les cloisonnements de l’ego tout en respectant l’intégrité individuelle. C’est d’ailleurs le sujet, par la progression de sa conscience, qui prépare le terrain et créer dans sa réalité l’émergence d’un potentiel de réveil que l'échange pourra dans ce cas activer.

 

 

L'attention portée au principe immanent d'échange, concorde avec les axes d'une Connaissance vivante relevés par la pensée gnostique. Cette pensée souligne là encore l'inéluctabilité de l'interaction entre intériorité et extériorité du fait que ces deux dimensions ont une nature profonde similaire et créatrice, apparentée à celle de la conscience. Citons pour illustrer ce thème, Alexandre Rougé qui, dans son article Changer d’Ère, commente l'approche de Raymond Abellio dans son ouvrage Vers un nouveau Prophétisme, approche s'inscrivant donc dans la tradition foisonnante de la Gnose – le radical indo-européen gno se rapporte à ce qui est du domaine de l'expérimentation, et formera chez les grecs, le terme gnôsis, qui signifie connaissance – :

 

"A la logique infantile et patriarcale de l’Ancien Testament — avec son Dieu extérieur et destructeur — succède une spiritualité adulte — celle incarnée dans l’Évangile, où la dignité, la liberté et la créativité divines se révèlent et se (re)connaissent à l’intérieur. (Passage, chez Abellio, de l’ « Homme extérieur » à l’ « Homme intérieur » — de la conscience individuelle à la conscience intersubjective — qui réalise et re-connaît la déité non hors de soi mais en soi et donc dans le soi de tout le monde.)"
https://changerdere.wordpress.com/

 


 

Il est essentiel dans cet inventaire (non exhaustif) d’évoquer la question de la sensibilité à la multidimensionnalité de nos moyens de perception. En effet si certaines théories scientifiques du domaine conventionnel, en réponse à certains phénomènes constatables, ouvrent la porte à la multidimensionnalité, avec entre autre le multivers et la théorie des cordes, ces propositions font généralement l’impasse sur les implications qui concerne la psyché et la conscience de l’individu.

Cela se conçoit facilement vu d’une part la position que la science adopte par rapport au sujet, et d’autre part, ce qui en est la conséquence, le fait que la science conventionnelle étant en retard sur le phénomène de la multidimensionnalité, et qu'elle s’en tient aux mesures de ses appareils. Ces derniers ne transcrivent pas les informations nombreuses du vivant ni ne distingue l’origine des ondes qui parcourent notre réalité, puisque ces outils ont été élaborés et sont utilisés en fonction des objectifs de l'ego et de la prédation.

 

Comme le fait remarquer à juste titre le philosophe Merleau Ponty dans son livre Le visible et l’invisible, la mesure nous donne la longueur d’onde ou la fréquence d’une vibration, et par empirisme nous savons à quelle fréquence commence le vert et où il termine et où l’on passe au jaune, et ainsi de suite ; mais aucune mesure ne nous dit pourquoi telle onde nous apparaît rouge ou de telle ou telle couleur entre telle et telle fréquence. Ni pourquoi le symbolisme des teintes qui y est associé est vérifiable même en dehors du monde humain (minéraux, plantes, insectes, animaux et vibrations cosmotelluriques).

 

Nous pouvons imaginer que dans ces conditions, la perception conventionnelle et ses outils ne peuvent traduire la nature et l’information complète des ondes qui se transmettent entre les différentes dimensions et lignes temporelles ; car dans ces cas, c’est bien avant tout d’un échange ondulatoire dont il s’agit, porteur d'une information qu'il faut pouvoir déchiffrer, qu'il faut pouvoir entendre. Cette circulation d’informations de part et d’autre se manifeste sous la forme d’un vaste langage hologrammique (Bohm, Gariaev, Pribram), auquel, seul l'ouverture de la conscience, nous permet d'accéder.

 

L’intuition et nos sens augmentés, affinés, restent les premiers canaux d’appréhension de la réalité multidimensionnelle qui compose tant la personnalité intérieure que les tenants et aboutissants de l’expérience dans son ensemble. Nous pouvons déduire, là encore de ces données, pourquoi le monde subjectif se situe au carrefour des échanges qui régissent notre réalité.

 

 

 

La subjectivité acceptée procure une structure à la conscience pour s’épanouir ; réhabilitée, elle met l’accent sur la possibilité et la nécessité de rétablir une relation pleine entre réalité extérieure et intérieure.

 

Pour que la démarche soit opérante, il est important de garder à l’esprit l’existence de cette multitude d’axes de pénétration, dont certains exemples viennent d’être cités. Ils constituent autant de possibilités de connaître pour notre conscience ; il est essentiel d’apprendre leur usage et d’éprouver petit à petit leur synergie.

 

Parce qu’elle est polysémique et se base sur l’interaction du sujet conscient, du sujet découvrant, avec l’objet, l’approche à la fois subjective et objective, détient une véracité supérieure à celles des sciences dites, purement objectives. Si nous nous engageons sur le parcours pluriel et intense qui nous mène vers la Connaissance vivante, la teneur d’informations d’ordre général, relevées de manière plus intellectuelle, pourra être intégrée plus facilement ; la pertinence de ces dernières sera d’autant plus forte qu’elles trouveront une résonance singulière dans cette démarche, où l’intuition a une place primordiale et guide implicitement cette prospection complémentaire. L’apport de ces informations globales (situation planétaire, système de prédation, désinformation et manipulation dans les domaines de l’alimentation, de la santé, de la science, etc.) entrera donc de cette façon en syntonie avec la dynamique considérée.

 

 

 

Soulignons-le, des interactions fondamentales, parfois très subtiles, existent entre les individus, entre les individus et l’environnement, à l’intérieur de l’individu, et elles fonctionnent sur le mode du « donner/recevoir ».

 

La subjectivité n’a jamais cessé d’être active et créatrice d’interférences avec la réalité, simplement elle est la plupart du temps évincée de notre champ de conscience. Pourtant elle peut former avec les champs d’investigation conventionnels, dont nous pouvons tirer aussi certaines informations, un tissage révélant une connaissance immense et amener la transformation des points de vue limitatifs.

 

Il n’est plus besoin de créer de pseudo moyens de connaissance et de les superposer à ceux que propose la vie et qui préexistent. A l’opposé des moyens de connaissance que les humains élaborent et qui séparent, ceux que nous livre la nature, assemblent car ils sont la structure/connaissance même de la réalité et ne demandent qu’à être utilisés…

 

Cette approche connaissante ne prétend pas être valide à 100%, au contraire. Elle est consciente qu’elle procède par l’expérimentation, et l’apprentissage y a un rôle central. Elle rend compte du fait que l’évolution est corrélée au développement de la Connaissance subjective, l’une ne va pas sans l’autre ; elle est cependant beaucoup plus efficiente si nous osons nous y aventurer, que la liste des sciences dites exactes mises ensemble.

 

En l’occurrence, ce positionnement est le seul à partir duquel nous pouvons réellement déjouer le piège de la prédation, puisqu’il nous place à l’endroit majeur où cette-dernière exerce sa redoutable emprise : notre conscience individuelle. La dynamique de conscientisation qui en découle, est le moyen que nous avons pour mettre l’éclairage sur le rôle de la prédation et par suite, sur le processus créatif auquel nous avons la possibilité de participer à différentes échelles.

 

 

 

Cette approche présente par conséquent une réelle cohérence, et d’une certaine façon, procure une réelle sécurité à celles et ceux qui avancent avec elle. Elle invite à respecter les rythmes qui se mettent en place et à être sensible aux impulsions de franchir les caps qui ponctuent le chemin.

 

Nous assistons bien à la naissance, ou plus exactement, à la co-naissance d’une nouvelle conscience humaine et d'une subjectivité objective. Cette dernière concrétise donc une voie médiane entre d’une part, une subjectivité dont le discernement est occulté par les croyances qui la gouvernent, par la prédation qui la dirige, et d’autre part, une objectivité vide de sens qui sert de tremplin à une volonté de contrôle absolu, elle aussi reflet de la main mise SDS sous-jacente. Cette objectivité n’étant donc en fin de compte, qu’une subjectivité commune à une grande majorité de l’espèce humaine et la simple propagation dans notre esprit d’une subjectivité prédatrice et totalitaire, qui en aucun cas ne peut avoir un caractère réellement objectif.

 

En fin de compte, l’idée d’une subjectivité objective, nous pose la question de la nature de l’objectivité que nous employons, et plus précisément, celle du point de vue à partir duquel notre discernement s'exerce et évolue. L'objectivité, comme la vérité, est nécessairement la résultante de la subjectivité. Elle est une qualité que peut manifester la subjectivité d'un individu à partir du moment où il fait preuve d'authenticité envers lui-même et qu'il utilise toutes les composantes de sa personnalité comme autant de moyens de connaître et d'interférer avec la réalité. La subjectivité qui s'éveille, est plongée dans la dynamique universelle à laquelle elle se voit immédiatement associée. Elle se rend compte que la vraie objectivité, n'est pas de tenter de réifier la réalité mais de prendre conscience que notre vocation est de nous adapter à cette réalité changeante que nous co-créons.

 

 

 

Pour terminer ce développement, faisons le lien avec le point d’assemblage de Castaneda qui se situe au cœur de chaque subjectivité. Si la conscience du "guerrier" prend conscience qu'elle a à sa disposition un point d’assemblage et qu'elle s’y place, elle pourra faire bouger ce centre conscient le long d’une ligne d’équilibres, d’où elle perçoit simultanément le mouvement des liens qui interfèrent avec son expérience interne. Ainsi l’individu peut envisager de choisir les meilleurs alternatives du point de vue interne et externe. C’est regarder le monde d’un point de vue à la fois stable et dynamique.

 

Voyons ici, un extrait très parlant concernant la connaissance du point d'assemblage. C’est un commentaire qui se rapporte à la lecture de La Roue du Temps, écrit par un correspondant de Mel Vadeker et publié sur son site :

 

"À force d'explorer les zones possibles de points d'assemblages qui assemblent des univers totalement différents, les sorciers ont réussi à cartographier la conscience accessible à l'homme dans la boule de lumière. Il faut se rappeler que le point d'assemblage est une boule de lumière grosse comme une boule de tennis lui-même imbriqué comme une poupée russe dans le gros globe lumineux qu'est le corps d'énergie global de l'homme. Les zones accessibles aux points d'assemblages dans la boule lumineuse globale sont au nombre de 220! Chaque zone assemble un univers "objectif", solide, dangereux où l'on peut combattre et mourir. Justement, le concept lui-même d'objectivité est réformé et prend un sens différent. De ce point de vue, réussir à atteindre la subjectivité parfaite d'une autre personne, c'est réussir à assembler les mêmes filaments de lumières qu'une autre personne, mais étant donné que chaque filament de lumière est unique, c'est impossible d'atteindre EXACTEMENT la même subjectivité qu'une autre personne. Par contre, on peut approcher et estimer la subjectivité de la personne quand l'on a réussi à occuper la même position relative à la zone du point d'assemblage. C'est comme de dire que deux cailloux peuvent avoir les mêmes positions en longitude, latitude par rapport à une planète, mais que deux cailloux ne peuvent pas occuper exactement la même position sur la même planète! Donc, on réussi à estimer la subjectivité d'une autre personne, mais on ne réussi pas à l'atteindre parfaitement. Dans ce cas-ci c'est une subjectivité relative qui est vue comme une objectivité."

http://vadeker.net/articles/carlos_castaneda.html

 

 

 

Conclusion :

 

L'extrasubjectivité ce sont les dimensions psycho-sociale, économique, écologique, les guerres, les religions, les saisons qui passent, la météo qui change, l'érosion, etc. C'est à dire les apparences et leurs remous qui animent la surface de la réalité, à "l'extérieur".

L'extrasubjectivité, contraire/miroir de l'intersubjectivité, existe. Mais elle n'a de sens réel que si nous la prenons pour ce qu'elle est. Une jauge pour le monde subjectif et intersubjectif qui se saisit en partie par son intermédiaire.

 

Ce n'est que par l'intersubjectivité que nous pouvons remettre le prédateur à sa place et passer à, trouver la voie d'une densité de conscience supérieure. Revenir à l'intersubjectivité c'est passer d'un système de prise d'énergie à une véritable créativité fondée sur un échange d'informations libre, où aucune condition n'est imposée.

 

Pour atteindre l'intersubjectivité, là où se crée les choses, pour trouver une issue à l'extrasubjectivité où nous tient prisonnier la pensée SDS, il n'y pas d'autre solution que de plonger en soi, que de trouver un passage en Soi. Soit, de connaitre sa subjectivité et l'incarner.

 

Car la subjectivité et sa structure corps/âme/esprit sont configurés pour l'échange et ne se définissent que par leur participation à l'échange intersubjectif. La subjectivité est au cœur de l’Échange Inconditionnel, et l’Échange est au cœur de la subjectivité. C'est pour cela que l'on retrouve à l’intérieur de nous les mêmes strates, l’écho de chacun de nos moi fractals (il y a un prédateur en moi qui vit également sur une autre ligne, une victime qui endosse le costume du cagot dans un "passé", etc.), que sur la plan intersubjectif. Car ces strates sont aussi celles qui donnent à la dynamique interactive son caractère multidimensionnel. Cette double nature, subjective et intersubjective, le centre et son extension, confère à l’Échange une richesse infinie tant dans les possibles que dans leurs combinaisons.

 

Au travers de son expérience qui l'a mené à la rencontre de la Présence (la Supraconscience), Michael Brown s'est rendu compte que le monde intersubjectif formait la quintessence de notre réalité. Il en parle en ces termes :

 

"L'obstacle véritable qui nous empêche de reconnaître la connexion énergétique entre la cause [le programme] et l'effet [le vécu] est que notre attention s'est en quelque sorte fixée sur le plan physique. Cela signifie que nous sommes pour ainsi dire en transe sur le plan physique, fixés sur l'apparence des chose comme si elles étaient solides. Quand nous sommes ainsi physiquement "transfixés" par le monde extérieur, le monde de la matière, tout a de l'importance à nos yeux. Nous nous racontons alors une histoire par rapport à ce que nous voyons.

 

La conséquence indirecte de cette perception basée sur le préjugé est que nous ne voyons pas l'intérieur de quoi que ce soit et que nous n'avons donc aucune conscience du contenu intérieur des formes de vie. On ne peut reconnaître l'interaction entre toute choses, car cette interaction authentique se trouve à l’intérieur. Et parce que nous sommes "transfixés" sur le plan physique, la surface de la chose sur laquelle nous focalisons nous apparait comme une limite, une forme extérieure de séparation. Nous nous racontons alors une histoire mentale à propos de ce que nous voyons qui nous semble réel parce qu'en réalité, nous ne pouvons voir ce qui se passe véritablement.

 

Pour raviver notre aptitude à percevoir la connexion entre toutes les formes de vie, il faut d'abord percevoir la vie comme de "l'énergie en mouvement". Cet ajustement peut se faire en s'entrainant de façon consciente à refocaliser notre attention sur le contenu émotionnel de notre expérience. Cette conscience retrouvée se reflète alors dans le monde extérieur autour de nous."

Le Processus de la Présence, p 151.

 

C'est dans le lien intersubjectif que s'épanouit toute interaction consciente car c'est là où nait et où se joue l'expérience multidimensionnelle, dans ce monde "du dessous" aux réseaux illimités, invisible à celui qui garde sa paire de lunette du Service de soi.

 

L'intersubjectivité est notre identité profonde et la subjectivité est le chemin qui y conduit.

 

 

 

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