23. L'Inconnu

 

Peu à peu, au travers des étapes récentes, l'essence de l’Inconnu m'apprivoise. Et je l'apprivoise aussi. C'est un chemin mutuel, menant à la rencontre l'un de l'autre. L'Inconnu est un territoire qui m’appelle et qu'étrangement, je re-découvre. C'est un horizon où retentissent vérité et liberté. Je le pénètre avec plus d'ampleur parce qu’une force nouvelle, née de la traversée des épreuves et de l'unification de mes parts internes, du dialogue corps-âme-esprit s'amplifiant, me permet de regarder avec une ténacité accrue la manière dont je m’accroche au Connu.

 

Ce connu valorisé par les prédateurs transdimensionnels et qui tend à nous engloutir. Ce connu douloureux ou plaisant en apparence. La vibration de l’inconnu émerge quand je perçois comment je m’accroche à la réalité surfacielle et que je me perds dans les contradictions qui y règnent.

Le contact avec l’inconnu augmente donc avec l’acceptation de mon emprisonnement et l’art du retour sur soi qui prennent, de fait, un sens et une place plus importants. À ce seuil un espace immense de créativité, effrayant au premier abord, est ressenti. Effrayant, parce qu'il demeure indéfinissable et insaisissable pour l’ego.

 

Inconnu rime avec inattendu.

 

Cet inconnu a quelque chose de connu. Dans le sens, d’une part, qu'est vivifiée ici, une identité intrinsèque, manifestée par un mouvement réel, et d’autre part, dans le sens où je dispose d’une idée de la direction où continue la rencontre avec l'inconnu. La connaissance intime de l’endroit où il m’offre sa totale neutralité et sa totale objectivité face aux possibles qui se présentent.

Cet endroit est là où je me rends intérieurement en mesure de lâcher un grand pan de la toile tissée, enchevêtrée, de connu. Un pan suffisamment grand pour que je puisse rester en phase avec le mouvement qui s’impulse à partir de là, et ne pas retomber dans les boucles du cloisonnement SDS. Un pan suffisamment grand pour que l’emprise prédatrice se desserre.

 

Autrement dit, s’il reste une part de connu, avec son lot d’à priori avec lesquels je me débats par rapport à la question qui m’occupe, je me ferme à l’irruption de l’inconnu. Je ne suis pas tourné vers lui, vers où le vent souffle. Et donc dans la position d’accueillir la vérité et la transformation qu’il apporte.

 

C’est le signe qu’il y a, plus loin, tout proche, à portée de conscience, une conjonction où frémit le prochain point de basculement. C'est au sein de cet état d'aveuglement que réside la direction à prendre. Celle de la conscientisation nécessaire et du futur lâcher-prise. C'est également à ce point que ce décide l'éventuelle action à effectuer, qui validera si besoin, mon interaction plus profonde avec l'inconnu. De toute façon la tournure des faits qui suivront, dépendra de l'équilibre des forces que j'ai choisi de privilégier et de ce que j'ai à apprendre.

 

Progressivement, grâce à l’intégration de ces compréhensions, l’intention "d’affronter l’inconnu", s’affermit.

 

Un très vieil aphorisme que la pensée de Gurdjieff explore et que l'on retrouve dans les Évangiles, notamment de Jean, dit :


"L’homme peut naître, mais pour naître, il doit d’abord mourir et pour mourir, il doit d’abord s’éveiller. Lorsque l’homme s’éveille, il peut mourir ; lorsqu’il meurt, il peut naître."

 

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