L'Enfer est pavé de bonnes intentions

 

Observation : lorsqu'elles ont la même trame (elles décrivent la même histoire), les lignes temporelles se recoupent et finissent donc par se chevaucher et se renforcer mutuellement. Elles constituent un rebootage sans fin et donnent naissance à un faisceau qui semble être l'unique déroulement existant. M’en apercevoir c'est faire face à l’ampleur de mon enfermement, de l’enfermement de moi-la-Conscience dans le scénario que j’ai engendré. Mais c'est aussi m'offrir la possibilité de voir...

 

Car, avec chaque rebootage ou presque, c’est un choix crucial qui se présente derechef. C’est aussi celle d’un entonnoir qui se resserre. Choix de se remémorer ou non le sens de l’expérience. Possibilité que se donne à certains "croisements", la Conscience, au travers de cette part d’elle-même différenciée et focalisée par le temps qu’elle a créé. Point de réitération mais également de bifurcation, où la leçon à intégrer, resservie par la Supraconscience (puisque jusque là mise de coté), peut être à nouveau abordée. Et dans cette découverte des murs de la prison, la compréhension du système vouant l’esprit à tourner en rond, a bien sur son importance.

 

Exemple : à ce sujet, l’expérience de repasser dans un lieu des mois, des années après, est parlante. Le fait d’observer les mêmes personnages, les mêmes scènes, les mêmes sensations, sous-tendus par une même maille vibratoire qui s’est généralement accentuée, me donne la nette impression que les lignes se commutent invariablement l’une dans l’autre. Bug voulu de la Matrice SDS. Quand le fil reprend sans fin au même point de l’ouvrage tissé, du "destin", c’est à dire sans qu’il y est de réel changement, de sortie de ces boucles.

Je suis un des personnages qui rejoue sa scène… jusqu’à ce que j’ose me détacher, incorporer dans ma perception les connaissances acquises : alors je vois le filigrane général. Le soleil éclaire de la même façon à travers le feuillage... Les mots prononcés, les odeurs senties, les attitudes paraissent identiques. La combinaison des mouvements – voitures, passants –, semblent être sous l’effet du réglage d’une vaste horloge. Qui en remonte les ressorts ? Nous, moi, bien sur. Sous l’influence de ma part prédatrice, qui est le summum de la mécanicité.

 

Étrange de savoir que ces images et ces ressentis sont en réalité l’interprétation électrique, neurochimique et mémorielle de signaux correspondant à ce que j’appelle (par convention communément admise) l’espace-temps. Étrange également de comprendre que cette interprétation usurpe souvent la place de la vision spirituelle et de la Vérité. Ces signaux stimulent l'encodage de l’hologramme cérébral (espèce d'écran et panneau de commande virtuel) mais aussi la vérification de sa conformité aux croyances qui y sont déjà inscrites. Encodage et vérification se font donc par le biais de ces modes de traduction. Et notre rapport ou distanciation vis à vis de ces modes de transduction peuvent être eux-mêmes déterminés et limités par l'encodage. Cause possible parmi tant d'autres, d'une vision de nous-mêmes qui tourne en rond... 

Ainsi se forment sur l'écran interne mes représentations. En retour ces représentations, qui coïncident avec des circuits perceptifs et d’action qui sont comme gravés dans le marbre du corps, de l’âme, et de l’esprit, projettent et façonnent la "réalité" avec des parcours circulaires jumeaux, signatures de mes représentations qui, tant que la prise de conscience opérante ne vient pas briser le cercle vicieux ainsi établi, sont les seules la plupart du temps, à être perçues.

 

Il faut un œil éveillé et affiné par la Connaissance et l’expérimentation, écarquillé par la volonté, pour éviter que la conscience enchaînée relance les boucles où elle se réinstalle dans des conditions sensorielles, des points de vue et des séquences connus. Et que les légères variations, hissées parfois en étendard par l’ego qui les revendique comme preuves de ses efforts pour remédier à son sort, ne s’écrasent toujours dans le rail mainte fois emprunté, sous l’effet de la gravitation et du magnétisme... Car alors le poids des boucles non-vues qui englobent celle détectée et que l’on tente de désamorcer, nous maintient implicitement dans nos croyances, notamment celle de se libérer.

Résultat de l’habitude d'espérer trouver une solution à nos contradictions au détour du scénario, au coin d’une rue, bref, à "l’extérieur", sans qu’une remise en question profonde des fameux circuits internes, ne soit effectuée. Pesanteur de l'endormissement et d'une recherche de plaisir aveugle qui viennent s'opposer par automatisme à une souffrance qui ne peut être comprise. Relents d'un bonheur dont le fantasme a été injecté dans la psyché.

 

 

Il faut une grande force pour accepter ce constat et le mensonge qui saute à la figure. Et une plus grande encore pour quitter l’orbite de cet enfer-me-ment.

 

 

David

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0