Printemps 2018 : périple de plusieurs semaines en Hautes Corbières

 

Les Hautes Corbières voient symboliquement le mariage du blanc (Albières, la roche calcaire et l’aspect parfois sec des lieux) et du noir, par les masses minérales et végétales où n’entre que très peu la lumière. Et bien sur, comme nous allons le voir, la présence du corbeau qui donne son nom à la région.

Le rouge cependant prédomine en s’en approchant. Mais il faudra connaître le noir et le blanc pour en découvrir la profondeur, et le feu créateur que cette couleur détient. À l’ouest le chemin vers ces contrées enclavées croise les terres rouges de Serres, de Peyrolles et Arques. À l’est en venant de la mer, je laisse les ruines du château de Barberousse (Gruissan), puis Villerouge la Crémade, et Villerouge-Termenès avant d’entrée dans le sanctuaire géographique.

 

Depuis l’Aude, le fleuve, en partant vers l'Est, je trouve donc Serres, premier seuil de ce coté. Aspect qui est matérialisé par un resserrement de la chaussée (ici appelé écluse). La route mène ensuite à Arques, village où demeura Déodat Roché, initié qui raviva la flamme du catharisme au XXème siècle.

 

En effet, il faut prendre l’Arche pour passer le Col du Paradis, plus loin. Un paradis qui m'octroie un avant goût de ce qu’il m’attend.

 

La vibration de Jeanne d’Arc le dit, perdue dans le temps

Perdue l’androgyne.

Je-An ou En-je, tel est l’enjeu

Le choix : An ou naquit l’Humain...

 

J’entre dans les Corbières sombres, que je retrouve, que je reconnaît. Une panne immobilisant mon véhicule, va être le prétexte à une redécouverte bien plus ample que celle imaginée au départ. Mon camp de base deviendra le village de Lanet.

Les Hautes Corbières. Hautes car il faut s’élever jusqu’aux présences simples et mystérieuses qu’elles recèlent. Pour entendre leur message. Il y a l’ancienne place forte de Termes. Termes de quoi ? L’appellation est au pluriel (comme beaucoup de dénominations dans les environs). Il y a plusieurs termes à effectuer. Le "s" final me suggère avant tout de serpenter en moi pour terminer chaque histoire ancienne qui me retient.

 

C’est un autre monde qui s’offre à l’explorateur, même s’il n’est encore qu’annonciateur des fréquences à atteindre que je percevrais quand mon cœur sera ajusté.

 

Œuvre au noir.

 

Je me suis senti appelé par une vallée encaissée et recroquevillée sous sa végétation piquante et obscure. Je traversais friches, petit marais, barbelés, rivière et retrouvais les chemins désertés (de l’âme). Je fis la rencontre d’une tribu de corbeaux. Au détour de la sente, je suis soudain accueilli par ce qui me semble au début, un tintamarre de croassements effrayants, mais qui en fait, est une manière de me sommer de me présenter et de prendre note d'un message qui m'est destiné et qui doit ensemencer ma quête. Le secret est désormais apte à germer en moi. J’identifie rapidement l’un des corbeaux, stoïque, qui est de toute évidence le chef.

Le lendemain il me dévoile "explicitement" la nature de notre deal. Celui que je passe en réalité avec moi-même. Ce que mon âme réclame. Deux prospectus attirent mon attention de manière cinglante. Les séminaires qui y sont proposés, procédant du jeu archétypale et du partage des rêves, se basent sur un conte : "Le Roi des Corbeaux"… Pour souligner l’étoffe des indications, le déroulement du stage est prévu avenue des Corbières, dans la petite ville de Couiza. Et l’avenue n’est rien d’autre que le début de la route signalée plus haut, et qui conduit ici, en venant de l’ouest…


Les deux prospectus par lesquels le Roi des Corbeaux certifia notre rencontre et

me guida vers le conte où il est à l'honneur

Lien vers le conte "Le Roi des Corbeaux". Le texte y est dit à haute voix. Comme vous l'entendrez, dans cette histoire le féminin, après maintes épreuves, initie la transformation de la conscience damnée, figurée ici par les corbeaux :

 

https://www.youtube.com/watch?v=7Ds0Zds-mu8

 

Ce conte est riche en significations et évocations. Il s’assimile au mythe de Psyché et Éros. On peut y voir de multiples parallèles avec la lecture symbolique que je donne ici. J’en reparlerais sans doute dans d’autres partages. Il y a tout de même un lien "étrange" que je relèverai maintenant. Il fait écho à la légende des fées lavandières, les mitounes. Légende rattachée à l’existence de l’Orbieu, rivière creusant la région des Hautes Corbières de son sillon mouvementé.

 

 

 

A Lanet, je tombais sur un recueil de textes oubliés, écrits de quelques érudits et passionnés de l’histoire du secteur et d'ailleurs.

Dans cet ouvrage, rassemblant donc nombres d’informations, je lus le passage ci-dessous dont la teneur m’interpella :

 

"Robert Graves fait remarquer, dans les "mythes grecs" que, l’Élysée est gouvernée par Chronos, le temps, et que son entrée est proche du fleuve de la Mémoire, près du territoire d’Hadès. C’est une terre décrite comme un lieu où il fait continuellement jour, où il n’y ni neige ni froid, où les jeux, la musique et les danses ne cessent jamais et dont les habitants peuvent choisir de renaître sur la Terre quand ils leur plaît. C’est non loin de là que se trouvent les îles fortunées (les Baléares), réservées à ceux qui sont trois fois nés et qui trois fois ont accédé aux Champs-Élysées. L’Aude est le fleuve du territoire d’Hadès, ce fleuve de Mémoire dont l’embouchure [Gruissan à l’époque] est non loin des champs élyséens homériques. C’est le fleuve qui entoure le royaume des morts dont Cerbère garde la porte. Nous pensons que, Aude, est un mot qui dérive de Hadès. Le fleuve garderait la Mémoire d’un événement antique considérable, dont la littérature grecque et latine aurait témoigné. Ainsi Bébryces et Sardons seraient des Ibères implantés en Hautes Corbières et Catalogne."

 

J’y trouvais également l’épitaphe suivant :

 

"Pauvre Fletcher, ne te fies pas à tes yeux mon vieux, tout ce qu’ils te montrent ce sont des limites, les tiennes. Regarde avec ton esprit, découvre ce dont d’or et déjà tu as la conviction et tu trouveras la voie de l’envol…"

 

Jonathan Livingston le Goéland, Richard Bach.

 

Il y est rapporté également qu’en 1982, toujours à Lanet, certaines personnes furent témoins d’un phénomène lumineux se déplaçant au dessus de la commune. Cela me fit penser que Lanet est associé au mot laine. Chose que j’ai tout de suite associé au Paraclet, l’habit de lumière que les cathares (très présents dans les corporations de tisserands) sont censés revêtir à la fin de leur initiation – vocabulaire appliqué aussi à l’Esprit Saint, notifiant ses qualités de défenseur, consolateur et d’intercesseur.

Les mitounes lavent un linge argenté, de lumière diaphane et pure. Leur légende semblait donc insister elle-aussi sur le thème du Paraclet. De plus, il est dit dans leur mythologie, qu’elles gardent une grotte accessible au bord de l’Orbieu, visible dans notre réalité (que j’explorais)... Tout du moins une partie… Qui cache sans doute le passage sur un au-delà, un potentiel radieux...

Surplombant la grotte des mitounes, enveloppé de son Paraclet...
Surplombant la grotte des mitounes, enveloppé de son Paraclet...
L'Eperon de Monjoi dominant les gorges de l'Orbieu et faisant face à la barrière naturelle
L'Eperon de Monjoi dominant les gorges de l'Orbieu et faisant face à la barrière naturelle

Qui plus est, dans Lanet, réside la consonance de la nette. Stipulant l’avènement d’une étape fatidique demandant là encore, de trancher radicalement avec l’ancien. Plus loin, de l’autre coté des gorges de l’Orbieu, dans un endroit encore très encaissé, surgit le village de Monjoi, cerclé de promontoires rocheux et à l’horizon barré par des falaises quasi infranchissables, où grimpent toutefois des éboulis et autres sentiers de cabris. Est-ce la joie d’être uni au Présent éternel et à la source de la Connaissance vers laquelle s’élance l’éperon ?

 

Les phonèmes du nom Orbieu se décrypte par or bleu. Deux éléments qui réunis, renvoient à la science des Adeptes. La couleur bleu fait référence au ciel, mais encore aussi au noir, s’il s’agit du bleu nocturne. Du temps où il était difficile de produire la couleur noire, le bleu servait à désigner symboliquement la première œuvre alchimique. Celle qui fait entrer l’apprenti philosophe dans le mode transformatif en empruntant les chemins de l’humilité [l’humus, l’humain, la terre].

                                                  Les gorges de l'Orbieu
Les gorges de l'Orbieu

L’eau de cette rivière et les reliefs accidentés qui la bordent ici, sont la métaphore du monde inconscient. L’inconscience qui protège les secrets que celui qui en-quête doit néanmoins percer pour redevenir lucide. Acte représenté par la traversée du cours d’eau, qui à l’image du Styx dans la mythologie grecque, symbolise la séparation avec le royaume des morts (Hadès) et donc l’accès au-delà, à la vie consciente, à l'inconscient devenant conscient.

 

 

 

De la mort à la naissance.

 

Quelques mois se sont écoulés, c’est la veille du 22 octobre (le 22 lié au Fou) et je clos une boucle avec une montagne plusieurs fois arpentée, le Madrès, et donc d’autres avec la Mère, ma mère, les mères. Je suis sur le point d’enfanter un nouveau David. Je ne sais pas que quelques heures plus tard – mais je le pressens certainement –, tôt le matin de la journée du Fou, une mère accouchera d’une fille et d’une nouvelle habitante pour Monjoi.

 

En redescendant du pic, mes pas s’aventurent hors des sentiers battus. Et là, deux menhirs, écailles naturelles, me désignent un alignement (que je reporterai ensuite sur une carte) où se placent le fameux Madrès, le sommet du massif de Bugarach, un Pech à 822m qui domine le Col du Paradis, et… le piton rocheux collé au village de Monjoi, piton qui accueillait autrefois le château défenseur


La découverte des deux menhirs qui me désignent l'alignement

Pour couronner la mise en exergue de ce tissage supraconscient, le lendemain de l’ascension, je visionne une vidéo-partage du Réseau Léo. Chose que je n’avais pas faite depuis longtemps. Le matériel est une publication récente. Et je m’aperçois que c’est la première partie d’une série filmée au Col du Paradis…

Je me souviens que treize ans plutôt, j’avais fait dans cet endroit, une photo d’une jeune femme aux cheveux rouges, toute de rouge vêtue et chevauchant une rampe de fer rouillée qui ne s’y trouve plus…


Je pense à la femme écarlate de l’apocalypse et à la série La servante écarlate découverte récemment – les deux versants de la même identité féminine ? –, et Jade Allègre (nom signifiant joyeuse en espagnol) qui est l’apôtre des bienfaits de l’argile et donc indirectement de la silice. Par sa coiffure et sa façon de se vêtir, je l’ai vu souvent fusionnée avec l’archétype de la femme/servante écarlate. Tout cela présage-t-il un chamboulement dans mon rapport à ma polarité féminine ?

 

Des indices dont le sens en germination, attend les prochains signes et les prochaines compréhensions.

 

 

David

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